Lorsqu’on se lance en tant que travailleur-euse autonome et qu’on est issu-e de la communication et du marketing, il y a une question qui se pose : faut-il se spécialiser ou pas ? Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on sort d’une expérience salariée où les postes occupés sont souvent polyvalents et que les expertises s’entrecroisent.

Et puis il y a aussi les clients, pour qui le marketing peut être nébuleux et qui sollicitent souvent les travailleur-euses autonomes sur plusieurs sujets, même s’ils/elles ne font pas partie de l’expertise que vous affichez (à vous d’acceptez ou non et d’adapter votre facturation en tenant compte de ces « à-côtés »). Ainsi, les développeur-euses de site web se verront souvent demander d’en réviser le contenu. De leur côté, les rédacteur-trices finiront par coordonner le projet web, s’assurant de la bonne intégration des contenus en phase de développement et traitant avec le/la designer pour la commande de visuels cohérents.

Alors face à la diversité de votre expérience, face à la demande des clients, faut-il se spécialiser ou non ? Ma réponse : oui et non. Mais surtout oui.

Oui : une question de clarté

S’il y a un côté qui ne peut pas être négligé dans la vie d’un-e travailleur-euse autonome, c’est celui de la prospection des clients. En réseautage, en répondant à une offre, par téléphone… vous n’avez que quelques secondes pour faire comprendre ce que vous faites. Afficher une spécialisation est donc nécessaire pour être compréhensible, clair et donc mémorable. Pensez également à la cohérence avec votre carte d’affaires et affichez clairement les mots clés qui vous identifient.

Oui : montrez-vous expert

Humainement, on ne peut pas être expert-e de tout et c’est NORMAL (no shame). Les journées n’ont que 24h et entre la production de vos mandats, les temps de prospection, la gestion de votre activité, votre vie personnelle… le temps de formation ne peut pas être multiplié à l’infini. Concentrez-vous d’abord sur votre cœur de métier, ce que vous aimez faire et ce pourquoi vous êtes bon. Cela est d’autant plus important que lorsqu’une entreprise fait appel à un-e pigiste pour un besoin identifié, elle s’attend à rencontrer un-e expert-e de son domaine, toujours au top de son expertise pour faire avancer l’entreprise sur des actions qu’elle ne maîtrise pas. Lorsqu’on est travailleur-euse autonome, c’est ce qui fait indéniablement notre force et un argument de poids dans la valorisation de notre métier.

Non : restez ouvert sur les pratiques qui vous entourent

Lorsque vous en avez l’occasion, échangez avec d’autres professionnel-les, testez de nouvelles plateformes, lisez les actualités marketing, participez à des ateliers… Au-delà de faire de vous quelqu’un de curieux (très belle qualité !), il est difficile d’évoluer et d’être à jour dans son domaine lorsqu’on est enfermé-e dans sa bulle. Surtout en marketing où les métiers évoluent et s’influencent sans cesse, où la technique dicte le contenu et vice-versa. N’oublions pas également les métiers qui exigent un spectre de compétences large comme les stratèges marketing qui, pour établir un plan d’actions cohérents, doivent maîtriser la diversité des ressources à mobiliser.

Ensuite, que ce soit avec un-e client-e qui ne fait appel qu’à des ressources extérieures, ou avec un-e autre qui souhaite compléter son équipe interne avec des pigistes, vous aurez certainement à communiquer avec toutes ces entités à un moment ou à un autre. Et pour que cela se passe bien, il faut comprendre chaque métier, ce qu’il engendre en termes de temps et de compétences.

Enfin, vous rencontrerez à coup sûr dans votre carrière d’indépendant-e des client-es qui ne sont pas à l’aise avec les médias sociaux, les sites internet, la réalisation de supports audiovisuels… Vous aurez alors un rôle de conseil pour lequel il vous faut au moins avoir des brides de connaissances sur des pratiques associées à votre métier.001pt;

En bref, faites la différence lorsque vous vous présentez et lorsque vous poursuivez l’échange. À la première rencontre et lorsque vous acceptez le mandat. Même si c’est un atout indéniable de vous ouvrir à d’autres champs de compétences pour apporter une ébauche de réponse à votre client-e sur un sujet qui ne vous concerne pas, vous n’êtes pas tenu-e de réaliser toutes les missions qui vous sont proposées. Ne complexez pas face à une personne qui vous demande de réaliser toute sa stratégie marketing, ses contenus visuels et écrits, de développer ses plateformes et d’animer sa communauté (tout ça en même temps !). Expliquez-lui que nous avons chacun-e notre expertise et que vous pouvez le référer à d’autres pigistes si elle souhaite aller plus loin dans des besoins spécialisés. Il vaut mieux être un pigiste honnête et qui saura bien conseiller son client, plutôt qu’un pigiste qui accepte tout mais qui livre des résultats de qualité moyenne.

Article par Aurélia Juif-Leclerc